Joueuse / Benoît Philippon

Je n'aime pas le poker (enfin, disons plutôt que j'y connais rien). Et pourtant j'ai adoré Joueuse.
Parce que rien ni personne ne résiste à Maxine, le personnage féminin de ce livre, qui paraît tellement sûre d'elle. Elle fait sa place dans cet univers assez fermé... et c'est un euphémisme - avec ses ambiances enfumées et mafieuses des arrières-salles de bistrots. Un monde souvent masculin, mais Maxine n'a pas froid aux yeux et elle n'hésite pas à répondre aux provocations sexistes par le jeu [en humiliant les hommes dans leur ego surdimensionné], par le langage [elle a le don pour leur fermer le clapet] ou par la force si nécessaire [elle ne se balade pas sans une arme, ce qui peut s'avérer utile]. Pas du genre à se laisser faire, Maxine, vous voyez le topo. Et on lui donne raison, souvent. Féministe, mais pas comme on pourrait s'y attendre. Elle paraît invincible, mais elle cache pourtant au plus profond d'elle-même une blessure qui la ronge intérieurement. Elle va chercher à se venger mais pour ce faire, elle doit trouver un partenaire. Ce sera Zack, initié au poker dès le plus jeune âge, qui enchaîne les conquêtes féminines sans aucun sentiment et son pote Baloo qui joue les super-héros au grand coeur. Ces personnages cabossés dont la vie ne tient qu'à un fil vont-ils dépasser leurs failles ? On sent dès le début qu'une histoire d'amour pourrait naître entre les deux, mais tellement d'obstacles intérieurs les séparent en même temps...
C'est haletant, c'est drôle, c'est touchant, c'est truffé de dialogues truculents, et mine de rien, ça pose question sur la société actuelle.
Et vous savez quoi ? Ca me donne presque envie de me mettre au poker !
Petite cerise sur le gâteau : il est fait référence à Mamie Luger, un des personnages précédents de Benoît Philippon, pour ceux qui ont déjà eu le plaisir de lire cet auteur. Le fait qu'il soit scénariste de cinéma se retrouve dans son écriture, très visuelle, et assez oralisée. Claire H.(le 26 août 2020)