La fille qu'on appelle / Tanguy Viel (Ed. de Minuit)
Il faut bien l'avouer, il y a des fois quand arrive notre tour d'écrire le coup de coeur de la semaine on prend cela comme un devoir à faire, on manque d'inspiration.
Et en ce moment c'est la rentrée littéraire, il y a foison de romans à découvrir. En mauvais élève, on choisit un des plus petit roman (en nombre de pages) et comme on hésite encore on demande à la copine "tu connais cet auteur ?" et comme elle vous affirme qu'il est génial et qu'il a écrit Article 353 du code pénal, en pensant que ce sera le bon, vous suivez votre intuition et dans la poche le livre...
Et là, dès la première page coup au coeur !
Dans "La
fille qu'on appelle" Tanguy Vieil dénonce l'emprise sociale et la
domination masculine, explore la délicate question du consentement et déroule
une intrigue qui va crescendo de page en page où l'agression sexuelle se fait
sans violence physique apparente.
Il décrit autour des protagonistes principaux (Laura et son père) une galerie de personnages (les gendarmes, le maire, le procureur, le mafieux du coin...), avec beaucoup de justesse, justesse teintée de psychologie subtile et de vérité.
On reste fasciné, tout en étant un peu troublé, par l'écriture précise toute en image et par les phrases que l'on a envie de relire deux fois tellement les mots et la structure sont doux aux oreilles et à l'imaginaire. « Tant mieux que certains jours dans nos vies fassent comme des crêtes au-delà desquelles on sent bien qu'on bascule, quand en dessous les pointes rocheuses font se lever la mer, et qu'alors certains jours, oui, il faut les contourner prudemment, comme on passe un mauvais cap à la voile. »
Pas de doute, ce roman, déjà sélectionné pour le prix Goncourt, marquera un large public et fera date dans la littérature française ! Dominique (le 22 septembre 2021)